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LA MUSIQUE DES MOTS
                                       LA POESIE DES SONS 

La beauté délivre de la grande souffrance du désir.                                                                     

                                                                             Platon

Imaginons quelques amis réunis autour de questions que je leur ai posées. Voici des fragments de réponses, qui résonnent (raisonnent ?) comme autant de correspondances à travers les siècles...

Le désir ?

La beauté délivre de la grande souffrance du désir.


PLATON (-428 > -348) Le banquet, Editions GF Flammarion Traduction Émile Chambry p 76

Personne n'est satisfait longtemps de vivre purement et simplement. On veut toujours autre chose. [...] Il suffit de se représenter tous ses désirs satisfaits. Au bout de quelque temps, on serait insatisfait. On voudrait autre chose et on serait malheureux de ne pas savoir quoi vouloir.


Simone WEIL (1909-1943) Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu, Folio sagesses p 12

Le don ?

Je vous bénis surtout pour ceci : vous donnez beaucoup et ne savez pas que vous donnez.
En vérité, la bonté qui se contemple dans un miroir se pétrifie, et un bienfait qui se nomme avec tendresse devient presque une malédiction.


Khalil GIBRAN (1883-1931) Le prophète, Albin Michel p 132

Cet homme-là qui est un bienfaiteur ne se vante pas, mais se prépare à rendre un autre service, comme la vigne qui va encore donner du raisin, quand ce sera la saison.


Marc AURÈLE (121-180) A soi-même, Pensées, Livre 5, 6 Éditions Rivages poche p 118

- Arriverez-vous donc enfin à cette sainte ignorance du bien que vous faites, et qui est la suprême grâce des actions humaines ?


BALZAC (1799-1850) Le curé de village ; La Pléiade VIII p 726

- Quoi donc ! Il ne connaîtra point la main qui l'a obligé ? 

- C'est ce qu'il faut avant tout, puisque cette ignorance même fait partie du bienfait.


SÉNÈQUE (-4 >65) Des bienfaits ; Les Belles Lettres I, II p 32

L'amitié est produite par la bienveillance, le bienfait que l'on n'a pas sollicité, le bienfait qui ne s'est pas fait connaître ; sinon il était manifestement rendu dans l'intérêt du bienfaiteur, et non pour un autre motif.


ARISTOTE (-384-322) Rhétorique, Livre II 1381b Gallimard p 122

N'auriez-vous donc fait le bien que pour en percevoir cet exorbitant intérêt appelé reconnaissance ? dit en riant Benassis. Ce serait faire l'usure.

Ah ! je sais bien, répondit Genestas, que le mérite d'une bonne action s'envole au moindre profit qu'on en retire ; la raconter, c'est s'en constituer une rente d'amour-propre qui vaut bien la reconnaissance.

 

BALZAC (1799-1850) Le médecin de campagne ; La Pléiade VIII p 398

La simple intention de donner, en tant qu'elle porte le sens intentionnel du don, suffit à se payer de retour. La simple conscience du don se renvoie aussitôt l'image gratifiante de la bonté ou de la générosité.

 

Jacques DERRIDA (1930-2004) Donner le temps ; Editions Galilée p 38

Le temps ?

Chacun court ailleurs et à l'avenir, d'autant que nul n'est arrivé à soi.


MONTAIGNE (1533-1592) Les Essais, Quadrige/PUF III, 12, p 1045 

Le temps, le changement laborieux des jours ont souvent ramené le bonheur, et souvent la fortune, alternant le cours de ses visites, a remis en lieu sûr ceux qu'elle avait joués. 


VIRGILE (-70 – 19)  Énéide XI, 425 ; Edition Diane de Selliers p 324

Ecoute cette sentence remarquable : « La vie de l'insensé n'est qu'ingratitude, qu'anxiété, qu'élancement vers l'avenir ».


SÉNÈQUE (-4 > 65) Lettres à Lucilius XV

Le temps qui nous a portés jusqu'ici par sa succession continuelle nous a si bien accoutumés au mouvement que nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir comme pour hâter son cours, ou nous rappelons le passé pour l'arrêter comme trop prompt, si imprudents que nous errons dans les temps qui ne sont point nôtres et ne pensons point au seul qui nous appartient, et si vains que nous songeons à ceux qui ne sont rien et laissons échapper sans réflexion le seul qui subsiste. […]  Le passé et le présent sont nos moyens, le seul avenir est notre fin, ainsi nous ne vivons jamais mais nous espérons de vivre, et nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.


PASCAL (1623-1662)  Discours de la condition de l'homme ; Albin Michel p 40

Chut ! Si nous faisons du bruit le temps va recommencer.


Paul CLAUDEL (1868-1955) Cent phrases pour éventails. Gallimard 

Si l'on entend par éternité non la durée infinie mais l'intemporalité, alors il a la vie éternelle celui qui vit dans le présent.


Ludwig WITTGENSTEIN (1889-1951) Tractatus logico-philosophicus 6, 4311. Gallimard p 111

Aimer ?

Qui veut se venger des offenses par une haine réciproque vit à coup sûr misérablement. Tandis que, qui au contraire s'emploie à triompher de la haine par l'amour combat tout joyeux, et sans inquiétude, tient tête avec autant de facilité à plusieurs hommes qu'à un seul et n'a pas le moins du monde besoin du secours de la fortune.


SPINOZA (1632-1677) Éthique IV, prop 46, scolie GF Flammarion p 264

Aime et fais ce que tu veux.

 

SAINT-AUGUSTIN (354-430) Traité VII, 8. Commentaire de la première lettre de Saint-Jean ; Desclée de Brouwer p 134

Mais pour ma part, je ne cesse de faire cette expérience intérieure : il n'existe aucun lien de causalité entre le comportement des gens et l'amour que l'on éprouve pour eux. L'amour du prochain est comme une prière élémentaire qui vous aide à vivre. La personne même de ce "prochain" ne fait pas grand-chose à l'affaire.


Etty HILLESUM (1914-1943) Une vie bouleversée ; Seuil p 308

Si vous étendez votre amour à tout ce qui est, si très humblement vous cherchez à gagner en serviteur la confiance de ce qui semble misérable, alors tout vous deviendra plus facile, vous semblera plus harmonieux, et pour ainsi dire, plus conciliant.


RILKE (1875-1926) Lettres à un jeune poète Grasset (Les cahiers rouges) p 42